3. Raconter une histoire

World Masterpiece Theater - on pourrait traduire ceci par "les meilleures histoires du monde" (pour enfants). À mon avis, cela correspond à cette histoire mieux qu'à toute autre. Par conséquent l'élément narratif prédomine dans cette série, et c'est tout aussi bien. Raconter une histoire est l'un des principaux soucis de l'équipe de réalisation.

Mais comment y parvenir? Malheureusement (ou heureusement), il n'y a pas de recette-miracle pour y parvenir. Il faut prendre certaines décisions concernant le style précis du résultat final. Les décisions qui sont prises sont certainement caractéristiques de chaque réalisateur. Je vais maintenant vous donner un aperçu de ce à quoi, selon moi, peuvent ressembler les questions qui surgissent. Le scénario donne une description globale de l'action.

• D'abord: suis-je à l'origine d'accord avec le scénario pour cette scène? ^_^
• Vers qui ou vers quoi est-ce que je veux attirer l'attention des spectateurs?
• Ai-je éventuellement envie de raconter plusieurs histoires à la fois?
• Que jeter, qu'ajouter?
• Comment créer une atmosphère?
• Comment intégrer cette scène dans l'intrigue?
• Y a-t-il une transition d'un thème à un autre?
• Et enfin: Comment concrétiser ma conceptualisation?

Comme je l'ai dit, il n'y a pas de méthode pour trouver les réponses à ces questions de façon systématique. S'il y avait une méthode, la réalisation ne serait en effet plus un art. Ce qui est bien avec tout ça, c'est que beaucoup de réponses se trouvent sans effort. Il suffit d'avoir l'esprit adéquat et de l'inspiration. Si vous n'avez pas d'inspiration, autant ne pas devenir artiste. ^_^

Ainsi il n'y a pas d'initiation aux arts mystiques de la réalisation, mais ce que je peux faire est raconter comment Fumio Kurokawa a développé certaines scènes de cette série en particulier.

Vous avez sans doute vu cette image avant d'arriver à ce point du texte. Il est assez typique de cette série de raconter de petites anecdotes comme celle-ci de temps en temps. Un autre exemple se trouve en haut de la page d'introduction. C'est déjà un point intéressant à étudier, car, voyez-vous, ces petites scènes ne sont pas vues comme de simples gags. Aviez vous remarqué que votre vie regorgeait de petites histoires comme celle-ci? Et bien c'est le cas. Tout devient plus réaliste, plus intime grâce à ça. Et il y a autre chose: remarquez comment est présentée la chute dans cet exemple: Sarah regarde le sol devant elle, avec un regard surpris. Les spectateurs n'apprennent pas tout de suite ce qui a provoqué ce changement d'expression. L'information importante est cachée pendant un moment, ce qui crée une sorte de tension à laquelle un terme sera mis quand la solution sera montrée. C'est une façon de raconter des histoires par le biais d'images.

Passons au premier grand exemple. Les deux exemples qui suivent ne sont pas nouveaux, mais ils étaient à l'origine placés dans une section séparée. Je les ai intégrés à cette page et leur ai ajouté un peu de texte.

Dans cette scène, Sarah vient d'arriver au Pensionnat avec son père. En ce moment, Mlle Mangin leur fait visiter les lieux, leur donne des informations générales, et enfin leur montre la chambre de Sarah. Seulement regarder des gens monter un escalier et écouter Mlle Mangin serait sans doute ennuyeux. Nous pourrions raccourcir cette scène de manière drastique en montrant par exemple la chambre de Sarah de l'intérieur jusqu'à l'ouverture de sa porte par Mlle Mangin. Mais ici le réalisateur a préféré utiliser cette occasion pour se concentrer sur Sarah.

	Une fenêtre peut être fascinante, surtout pour un jeune enfant. Il pourrait y avoir quelque chose d'intéressant à y observer.
	Sarah n'est pas une exception. Bien sûr, elle aimerait regarder par la fenêtre, mais...
	...les autres sont devant elle, et Sarah doit se dépêcher pour ne pas se faire distancer (elle a déjà atteint le milieu de l'escalier, de toutes façons).
	Mais une autre chance apparaît: Sarah doit encore parcourir un escalier pour parvenir à sa chambre.
	Et cette fois-ci, elle va la saisir.
	The End

Bien sûr, ce n'est pas vraiment la fin. Sarah quitte rapidement la fenêtre pour enfin rejoindre sa chambre. Dans cette pièce, la caméra suit Sarah car son père et Mlle Mangin continuent à discuter de choses inintéressantes pendant quelques instants. Il s'agit donc d'un exemple très vivant de prise du point de vue de l'enfant. Le dialogues des adultes dans l'arrière-plan, entendu seulement partiellement, contraste avec les expériences visuelles de Sarah. Tout cela est à peu près sans importance pour l'intrigue, mais utile pour caractériser l'atmosphère.

Vous pourrez voir avec le second exemple comment le scénario peut être rendu visuellement de manière séduisante, et comment en faire encore plus.